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Le journal de Soa Hélène
16 novembre 2010

Dahalo

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Une pluie pointe quelques gouttes, et une petite musique de foudre, légère. W. m'assure qu'elle est trop discrète, il doit s'agir d'une pluie artificielle : Ratsiraka avait coutume de bombarder les nuages de sel, pour faire tomber des averses qui se faisaient trop attendre. Mais le tonnerre tout-de-même... Je ne vois pas le DJ en grand manitou du ciel et des foudres, il a trop à faire avec le riz, et le reste.

Zoé expérimente sur le petit voisin, trois ans, l'effet de son tutu blanc et de la chorégraphie approximative que je lui enseigne de temps en temps. Mijahiela semble fasciné. Toute sa vie, il la passera peut-être à la recherche de la fille du dimanche, en tutu blanc.

JR passe sa soirée chez un idéaliste, c'est lui qui le dit. Un haut fonctionnaire de la justice qualifié d'évangéliste du non par le chroniqueur d'hier, un qui ose l'opposition nette. Il faut dire que la question du référendum s'avère particulièrement mal posée : « Êtes-vous pour le changement ? » (sous-entendu : de constitution). La plèbe va entendre « Voulez-vous voir partir la HAT ? » et va voter oui à un régime de transition qu'elle veut pourtant voir s'achever. JR revient de sa soirée avec une histoire, et beaucoup d'interrogations. Voici l'histoire.

Un jeune voleur de zébu, un dahalo, avait été emprisonné dans le sud. Il risquait jusqu'à une peine de perpétuité. Les autorités judiciaires décidèrent de son transfert dans une prison d'Antananarivo, mais suite à ce transfert, sa famille procéda à son enterrement symbolique. Le jeune homme, ayant appris que ses proches avaient commencé le deuil, se laissa mourir pour répondre à leur attente. Une interrogation : Pourquoi la famille a-t-elle procédé à un enterrement symbolique ? Parce que c'est une responsabilité impossible à assumer que la charge d'un prisonnier à plus de mille kilomètres de son village. Un cousin à l'hôpital, ou en prison, c'est une bouche à aller nourrir trois fois par jour, avec les moyens du bord, et pour un temps qui peut se prolonger. Comment remplir ce devoir impérieux lorsqu'on vit loin ? Il ne reste qu'à couper le lien avec le vivant, en l'enterrant, symboliquement.

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